Primasch crée une messe des Bâtards au Festival Altitudes

 La Liberté 14.06.2017


Son parcours artistique, ses goûts l’ont toujours mené sur de vastes rivages musicaux. Jean-Christophe Gawrysiak, Primasch sur la scène du rock, aime toutes les musiques, tous les styles, il revendique le cross over. Dans le cadre du Festival Altitudes, à Bulle, il crée une Piccola messa di Gloria, avec un chœur réuni sur mesure pour ce projet, son Chœur des Bâtards. Le mélange, c’est son identité.


Cette messe en création sera donnée pour la première fois samedi soir au club Ebullition. Sur la version de travail, on reconnaît tantôt une base rythmique hip-hop, des mélodies qu’il affectionne issues des folklores balkaniques ou des constructions lancinantes de type musique répétitive. Dans le Hosanna, c’est carrément le rock ténébreux de Rage Against the Machine dont il s’inspire. La musique se déploie, généreusement, frondeusement, avec l’énergie farouche ou la mélancolie qu’on lui connaît à l’archet, dans la partie de violon solo. Les mouvements sont chantés pour la plupart en latin, fidèlement à la liturgie. Pas de blasphème, insiste Primasch, il a respecté «scrupuleusement» le canon de la messe. Mais pour lui, il ne s’agit pas tant d’un acte de foi pour la religion que pour la musique.


La messe est pour lui une forme musicale comme une symphonie ou un concerto. Il a beaucoup interprété de messes en tant que violoniste classique. Ce genre lui permettait d’expérimenter avec la voix, une envie qu’il portait depuis quelque temps déjà avec son groupe de rock, le Grand Collector Orchestra – deux violons, accordéon, guitare, basse, percussions et batterie. Cette première expérience chorale a été très riche, confie le musicien: «C’est une magnifique aventure, j’ai eu un plaisir énorme de travailler avec les chanteurs.»


Mais Primasch reste modeste par rapport à cette première: «Je suis un débutant. Je me sens comme un designer musical plus que comme un compositeur», nuance-t-il. Avec un parcours comme le sien, à la fois académique et gorgé au bouillonnement des musiques modernes, populaires et actuelles, les styles abordés et les œuvres travaillées laissent la porte ouverte à de nombreuses influences. On entendra une milonga, que Maria de la Paz chantera en castillan dans l’Et incarnatus est. Ou encore une mélodie orientalisante qui fait suite à un hommage à Händel, avant un «tempo di Mahalushka alla Gipsy Kings». Avec Primasch, Tom Waits côtoie Bartok sans retenue. «C’est un melting-pot, reconnaît le violoniste. Mais pour moi c’est cohérent.»


Un enregistrement du concert devrait être réalisé, en attendant peut-être une suite à ce projet, la Piccola messa di Gloria pouvant aussi se jouer dans une église. ELISABETH HAAS